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Viens on va voir la mer...

« Le soleil tombe sur la plage aux alentours de six heures et fasse bouillir la mer, et éventre tous les petits poissons… » Le Procès Verbal J.M.G. Le Clézio

Elle voulait aller voir la mer…

Comme si la mer était sa vie, sa source d’énergie.

Comme si dans la mer elle se retrouvait, elle, qui était si perdue sur terre.

Elle voulait aller voir la mer, me disait-elle.

C’était ainsi depuis qu’on se connaissait.

Avec l’eau, elle ne faisait qu’une, elle qui était si dispersée dans sa vie de tous les jours.

Elle voulait aller voir la mer, dans l’eau c’était un poisson, un dauphin, une sirène, ma sirène… mon ange…

Dans une vie antérieure, elle devait être un merveilleux cours d’eau qui émerveillait tout le monde… c’est pour cela qu’elle voulait aller voir la mer.

Elle, celle, qui m’avait regardé, il y a des années, dans la cours d’école…

Je sais qu’elle n’aime pas que j’en parle.

Pour elle le passé n’existe pas, seul le présent importe.

Mais nous, alors ?

Notre amitié fait partie du passé ?

Elle me répondait « qu’elle n’a jamais été aussi présente. »

Cette fille de l’eau, je l’aime. Et je sais qu’elle m’aime aussi, à sa manière.

Elle aime comme l’eau aime.

Comme une vague qui t’étreint violemment, qui te fait tourner la tête et qui soudain s’éloigne mais reviendra bientôt.

Elle, elle est comme cette vague qui m’a d’ailleurs laissé son empreinte en roulant sur moi.

Comment pourrais-je oublier ses yeux, ce nez, cette bouche et cette queue de cheval qui lui allait si bien et qu’elle ne veut plus se faire, car cela lui rappelle le passé.

Ce qui nous a uni ce jour là dans cette cours, ne nous quittera jamais. Cette force étrange et belle est en nous pour toujours. Elle est comme une musique qui m’étourdit et me fait danser. Elle m’emporte comme une vague…

En dessous d’un clair de lune, elle est une danse à elle seule, un rayon de soleil, une tristesse, un monde, des mondes… Elle fait quelques pas de danse qui me rappellent qu’elle est ma danseuse, le plus beau corps en mouvement que je n’ai jamais vu.

Elle passe sa main dans ses cheveux châtains et raides.

Elle me regarde, on dirait un enfant…

Elle me dit « Tu viens, on va voir la mer… »

A toi, A.

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